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L’introduction, volontaire ou accidentelle, d’ espèces allochtones par l’Homme est la deuxième cause de perte de biodiversité , après la destruction des habitats naturels. Parmi ces espèces, dites invasives, le chat domestique a un impact désastreux sur les populations animales sauvages de nombreux archipels. De même, la faune de nos jardins et campagnes est fortement menacée par cet adorable prédateur.
Embarqué sur les navires des grands explorateurs ou des marchands pour détruire les rats noirs, dévorant les réserves de nourriture et apportant la peste. Le chat domestique a colonisé des îles jusqu’au bout du monde. Ainsi, certaines îles de l’archipel de Kerguelen (îles subantarctiques françaises), régulièrement visitées par les chasseurs de phoques et de baleines depuis deux siècles, ont été envahies par les chats.
Ces chats harets ont peu à peu délaissés les rats pour s’attaquer aux communautés d’oiseaux marins autochtones et souvent endémiques de ces îles . Ces oiseaux nichent sur les îles seulement pendant leur période de reproduction et sont maladroits au sol, ce qui en fait des proies plus faciles que les rats.
Plus d’un million de ces oiseaux (œufs, poussins et adultes) seraient tués par an par les chats. Une autre étude, menée à La Réunion , révèle que près de 70% des fèces de chats analysés contenaient des restes de Pétrel de Barau (Pterodroma baraui) , un oiseau marin endémique et menacé de cette île. Soit 10 à 15% de pétrels tués par an.
Sur Kerguelen , malgré l’isolement géographique et le climat souvent inhospitalier (températures comprises entre +2°C et +8°C, pluies fréquentes et vents violents), les chats ont réussit à établir des populations pérennes grâce à une autre espèce introduite : le lapin d’Europe (Oryctolagus cuniculus).
D’après une étude, les lapins sont
la principale ressource alimentaire des chats pendant l’hiver . Les lapins permettent ainsi la survie des chats pendant les mois les moins favorables. Les effectifs de lapins sur ces îles augmentant, ceux des chats augmentent également, et les dégâts sur les oiseaux marins au retour de la belle saison sont de plus en plus importants.
Ce processus, nommé hyper-prédation, peut être comparé à l’apport de nourriture par l’Homme aux chats de nos jardins et campagnes. L’apport artificiel de nourriture, diminue certes le taux de prédation.
Cependant, même bien nourris, les chats conservent leurs comportements de prédateur . L’impact de cette prédation reste alors dramatique car souvent le nombre de prédateurs dépasse la capacité en proies de l’environnement.
Pour exemples, il y a en moyenne 50 à 60 chats au km² dans certaines régions suisses, et jusqu’à 229 chats au km² dans certaines villes de Grande-Bretagne. Ainsi, la densité de chats est plus importante que celle de tous les autres prédateurs réunis.